Tony Anatrella enfin sanctionné par l'Eglise catholique
Publié le 23 janvier 2023
Si l’on peut se réjouir qu’une sanction canonique ait été prononcée, une révision critique de l’influence que ce prêtre et psychothérapeute a exercé, et des condamnations qu’il continue de nourrir vis-à-vis des personnes homosexuelles, reste à mener.
Celui qui reste donc le « père » Anatrella a enfin été condamné pour violences sexuelles, en décembre dernier, à la fois par le diocèse de Paris et par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, à Rome. Il est exigé de lui qu’il cesse toute activité thérapeutique, toute publication, toute participation à des conférences, et il n’a plus la possibilité de confesser, ni de présider une célébration.
Cette sanction canonique a, de manière exceptionnelle, été rendue publique afin de favoriser le respect des sanctions par l’intéressé. Tony Anatrella a cependant échappé à la plus forte sanction canonique, le renvoi de l’état clérical, du fait de la prescription des faits commis sur les personnes majeures, et « d’inconsistances » du récit de celui qui, mineur au moment des faits, avait permis de relancer l’accusation. (Le communiqué du diocèse de Paris)
Cela semble donc être la fin d’une longue bataille, menée, rappelons-le, par les victimes du prêtre depuis les années 2000. Certaines victimes s’étaient tournées vers notre association David & Jonathan, et l’ont côtoyée. Malgré une sanction rendue publique, on ne peut que regretter la relative timidité de cette décision, qui arrive bien tard. Les protections et le déni dont a bénéficié T. Anatrella, devraient conduire à un mea culpa bien plus prononcé de la part de l’institution catholique. (voir notamment L’enquête de Mediapart)
Plus profondément, s’il a fini par être condamné pour les faits de violences sexuelles, il devrait désormais s’ensuivre un fort discrédit de ses méthodes et de sa pensée, qui, faut-il le rappeler, tournait largement autour de la sexualité. Tony Anatrella reste aujourd’hui un des grands artisans de la théorisation critique de l’homosexualité et des études de genre au sein de l’institution catholique, à partir d’un savant mélange entre théologie et pseudo-psychanalyse. Il est celui pour qui l’homosexualité résultait de difficultés psychiques de l’enfance non résolues, et d’une différenciation des sexes non aboutie, « un inachèvement et une immaturité foncière de la sexualité humaine ».
Il a ainsi créé un terreau favorable pour des pratiques de « thérapies de conversion », bien au-delà de celles qu’il exerçait dans son cabinet. On le retrouve derrière le texte de condamnation du PACS par la Conférence des Évêques de France, l’interdiction vaticane de 2005 pour les homosexuels d’accéder à la prêtrise, ainsi que derrière les documents critiques de la supposée « théorie du genre ». Il a irrigué de nombreux documents d’éducation à la sexualité en France, y compris au sein de l'enseignement catholique.
Il serait temps, maintenant, que des excuses soient clairement formulées, et qu’un travail critique soit réalisé sur ses écrits : les organisations catholiques qui l’ont promu et soutenu doivent prendre publiquement leur distance avec ses doctrines. Il n’est plus possible qu’il apparaisse encore aujourd’hui, a fortiori sans aucune mention de vigilance, comme référence en matière de théologie morale, ou dans des contenus catholiques d’éducation à la sexualité. Les textes ecclésiaux de condamnation de l’homosexualité, qu’il a irrigués, doivent enfin être revus, afin d’éviter de potentielles futures victimes de sa pensée.
David & Jonathan, association LGBTI+ chrétienne ouverte à toutes et tous
Contact : communication@davidetjonathan.com
06 36 95 66 31
Crédit photo: Peter Potrowl, Wikimedia Commons
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