Agnès, 40 ans — groupe du Languedoc

Je m’appelle Agnes et je suis adhérente à D&J depuis 18 ans.

Quand je suis arrivée dans le groupe de Paris, j'avais 22 ans. Je découvrais d'une part les lieux de rencontres lesbiens de la Capitale et je recherchais d'autre part un groupe de chrétiens avec qui vivre ma foi. On m’a alors envoyé vers des jeunes cathos trop tradi avec des propos homophobes (ils ne savaient rien de qui j'étais ). Je n'y ai jamais remis les pieds.

Le bouche à oreille a fini par m’amener à pousser la porte du local un vendredi soir, il y avait là un homme la quarantaine et une femme la soixantaine. L'accueil a été super, de sorte que j’ai senti que cela répondait à mes aspirations de temps de partage entre chrétiens.

Ces 8 années parisiennes ont été résolument dejistes : rythmées par les rencontres festives, les études bibliques, les préparatifs et le défilé des Marchés des fiertés, les voyages (en Allemagne sur les pas de Luther, en Israël Palestine pour la coopération entre les peuples sur les droits LGBT). À l'asso, j'y ai noué des amitiés durables qui aujourd'hui encore habitent ma vie ; j'y ai vécu des histoires d'amour inoubliables ; j'y ai partagé des réflexions spirituelles qui ont forgé mon identité réunifiée entre ma sexualité et ma foi. J'ai découvert le protestantisme où je me reconnais depuis. J'ai appris à militer, à témoigner, à vivre au naturel pour mieux faire sauter les préjugés.

Un des plus beaux souvenirs, c'est la soirée du vote de la loi du mariage pour tous où le champagne coulait de faubourg St Antoine à Bastille au son de Mademoiselle K et Mika. Le plus angoissant fut l'intrusion à l'église St Merry pendant un de nos offices œcuméniques de fanatiques gagoules qui nous ont jeté des œufs et tomates pourris en criant " pas de gays dans nos églises!". Ce jour-là, je dois saluer le calme et la bravoure du prêtre et du pasteur qui se sont levés et ont amené ce groupuscule violent à sortir de l'édifice.

À D&J, j'ai surtout appris à parler de ma vie intérieure dans un esprit de bienveillance, dans le respect de la diversité des membres des groupes de l'asso.

À 30 ans j'ai quitté Paris pour Marseille où j'y ai rencontré ma femme à l’Europride 2013 non loin du stand de D&J que j'étais venue tenir aux côtés de quelques autres.

Soutenue par le Bureau National, j'ai relancé le groupe local en sommeil avec une autre adhérente dynamique, ainsi D&J Provence est né tournant entre 6 et 10. Ce sont les années PMA et naissance de nos jumeaux, accueillir à la maison les dejistes le soir après le coucher des petits pour vivre nos temps de partage.

À 40 ans, notre arrivée dans le groupe D&J Languedoc est remarquée : un couple de femmes dans ce groupe d’hommes, qui plus est une famille homoparentale. Une nouvelle fois un bel accueil par les adhérents de D&J nous ait fait. Quelques temps forts se présentent à nous : les JAR, le week-end grand sud, le week-end national protestants ; et les rencontres bimensuelles locales entre convivialité et spiritualité.

D&J fait partie de moi intégrante, celle que je suis devenue c'est grâce à tout ce qu'elle m'a permis d'y vivre.

L'asso a su être aux rendez-vous de l’histoire : à chaque décennie, les adhérents ont développé des projets en lien direct avec l’actualité des revendications (la dépenalisation, la lutte contre le sida, les lignes d’écoute, la lutte contre le suicide, les droits des couples avec le Pacs puis le mariage, la lutte contre les discriminations, et ensuite celui de faire famille, restant avec encore beaucoup de questionnements sur la GPA, le dialogue avec les institutions ecclésiastiques qui a vu l'ouverture des bénédictions de couple de même sexe chez les protestants et aujourd'hui début 2024 celle chez les catholiques, la lutte contre les theories de conversion).

Ce que je peux vous dire pour conclure, c'est qu'à D&J on y vient, on y reste, on y est de passage, quoiqu'il en soit on s'y transforme et épanouit.