Lionel, 62 ans — groupe de Lille

Je me suis marié un 31 décembre ! En prenant l'engagement d'aimer, protéger mon épouse toute ma vie. Mais comment ai-je pu prendre une telle promesse ?

Nous avons eu un premier enfant très vite, tout allait bien. Puis le couple a très vite déraillé : nous avons eu un deuxième enfant 6 ans plus tard, pensant que tout allait s'arranger : quelle erreur ! Au lieu de penser à une autre femme, je rêvais d'un homme : l'homosexualité que j'avais préssentie à l'âge de 18 ans, est revenue en force dans mon esprit. Ce fut un engrenage qui a abouti au divorce, situation douloureuse pour moi, car il était impensable d'être coupé de mes enfants, qui avaient accepté ma sensibilité, à des degrés. Devant mon obstination, l'avocate nous a proposé la garde alternée, novatrice à l'époque, et qui me convenait.

Par le biais d'un ami, j'ai contacté l'association David et Jonathan [son nom à l’époque], laquelle a très vite répondu à ma demande d'entretien. J'ai constaté grâce à elle que je n'étais pas monstrueux et le seul à vivre cette situation, marié, divorcé, papa, chrétien et homosexuel. J'ai donc très vite adhéré à l'association, en y prenant des responsabilités au sein du groupe de Lille, notamment dans l'accueil : pour moi c'était une évidence de reprendre le flambeau, moi qui avait été si chaleureusement reçu, quand ma vie commençait à basculer. J'ai ensuite rejoint le groupe national des "papa gays" où j'ai rencontré d'autres pères ayant vécu le même traumatisme que moi. Grâce à leur contact bienveillant, j'ai pu concilier spiritualité et homosexualité ; lors de nos week-ends, chacun a pu exposer son histoire, ses difficultés, ses drames mais aussi ses avancées

Mon seul regret, au final, c'est que mon ex-épouse, n'a jamais refait sa vie : pour moi c'est un échec. Notre relation s'est maintenant apaisée : elle connaît même mon compagnon, papa également, avec qui je vis depuis 8 ans. Je suis heureux.