David et Jonathan, un amour puissant
La relation entre Jonathan, alors fils de Saül qui était roi d’Israël, et David, futur roi d’Israël, se trouve du Premier livre de Samuel, chapitre 18, au Second livre de Samuel, chapitre premier. D’un point de vue monarchique, il s’agit probablement de légitimer la royauté de David qui a ensuite supplantée celle de Saül dont Jonathan était l’héritier.
1 S 18,1-4 : Or, dès que David eut fini de parler à Saül, Jonathan s’attacha à David et l’aima comme lui-même. Ce jour-là, Saül retint David et ne le laissa pas retourner chez son père. Alors, Jonathan fit un pacte avec David, parce qu’il l’aimait comme lui-même. Jonathan se dépouilla du manteau qu’il portait et le donna à David, ainsi que ses habits, et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon.
Plusieurs exégètes et commentateurs bibliques, spécialistes de l’Ancien Testament ou linguistes, ont donné à voir plus qu’une alliance fidèle entre les deux hommes, y compris lorsque le père de Jonathan veut la mort de David (1 S 20,12-17). Certaines personnes y voient une relation homosexuelle, tandis que d’autres s’y refusent. La vérité, c’est que le texte est clairement équivoque : il n’est pas possible de trancher dans un sens ou dans l’autre.
Lorsque David apprit le décès de Jonathan sur le champ de bataille, la fin de son éloge funèbre sort de ce qui était exprimé communément, pour se faire intime : À cause de toi, Jonathan, mon frère, je suis dans la détresse ! Tu m’étais si cher ; ton amour m’était merveilleux plus qu’amour de femmes ! (2 S 1,26). Parmi les verbes qui expriment l’affection de Jonathan envers David, un verbe hébreu “chaphets” est utilisé une seule fois dans les passages concernés, au Premier livre de Samuel, chapitre 19, verset 1 : Saül parla à son fils Jonathan et à tous ses serviteurs de son projet de faire mourir David. Or, Jonathan, fils de Saül, [aimait beaucoup ou désirait] David. Ce verbe peut autant indiquer l’idée de la possession (être d’une même propriété, d’un même clan) que le désir amoureux ou le désir sexuel. Dans la TOB, la Traduction Œcuménique de la Bible, il est traduit par vouloir, prendre plaisir, désirer, aimer.
En 1 S 20,30, il y a également une insulte de sens obscur où Jonathan est assimilé par son père au sexe de sa mère : ce pourrait être une insulte, homophobe ou non, se rapprochant de notre “femmelette” actuel : Saül se mit en colère contre Jonathan et il lui dit : « Fils d’une dévoyée par la rébellion ! Je sais bien que tu prends parti pour le fils de Jessé, à ta honte et à la honte du sexe de ta mère ! »
Dans son livre L’homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible, le bibliste Thomas Römer rappelle : “Une lecture attentive des textes bibliques situés dans leurs contextes proches-orientaux peut contribuer à une mise en question de cette condamnation récurrente qui apparaît parfois obsessionnelle. L’histoire de Gilgamesh et Enkidu ainsi que le récit biblique de David et Jonathan montrent que les auteurs anciens n’éprouvaient aucune gêne à raconter une amitié entre deux hommes teintée d’érotisme. On ne peut construire à partir de ces récits des modèles directement transposables à notre société. Cependant, l’histoire de David et Jonathan peut constituer un « antidote » à certaines lectures culpabilisantes à partir du Lévitique ou de l’épître aux Romains puisqu’elle relate une relation sans la juger, ni la condamner, préfigurant ainsi le conseil des évangiles : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés » (Luc 6, 37).”
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