Ruth & Noémie, une sororité à toute épreuve

Ruth 1,14-17 : Alors elles élevèrent la voix et pleurèrent encore. Puis Orpa embrassa sa belle-mère. Mais Ruth s’attacha à elle. Alors elle dit : « Vois, ta belle-sœur s’en est retournée vers son peuple et vers ses dieux. Retourne, à la suite de ta belle-sœur. » Mais Ruth dit : « Ne me presse pas de t’abandonner, de retourner loin de toi ; car où tu iras j’irai, et où tu passeras la nuit je la passerai ; ton peuple sera mon peuple et ton dieu mon dieu ; où tu mourras je mourrai, et là je serai enterrée. Le Seigneur me fasse ainsi et plus encore si ce n’est pas la mort qui nous sépare !

Ce qui fait que Ruth s’attache à Noémie, sa belle-mère, n’est pas indiqué. Comme avec Jonathan envers David, elle fait un serment (comparer Rt 1,17 avec 1 S 20,13). Est-ce pour rester dans le souvenir de son mari décédé ; est-ce par amour pour Noémie et en ce cas, de quel amour s’agit-il : amical, filial ou bien romantique ?

Une seule certitude : Ruth, par son attitude, montre que la relation belle-mère / belle-fille n'est pas destinée à être un crépage de chignons ! Et mieux encore, qu’un respect et une affection profonde demeure, jusqu’à une rébellion : Ruth décide de rester avec Noémie, alors que la tradition oblige les veuves sans enfant à retourner auprès de leur famille, si elle ne peut être affiliée à un homme de la famille de son mari. Rappelons qu’à l’époque, les femmes seules n’ont pas de moyen de subsistance et leurs réalités quotidiennes sont très difficiles. Ruth risque le peu qu’elle possède, y compris sa réputation, et va vivre avec Noémie dans une grande pauvreté.

Plus tard, en se mariant à Booz, issu de la même famille que son défunt mari, Ruth suit la loi du lévirat, en donnant une descendance aux époux décédés. En se mariant ainsi et non pas avec un autre homme, Ruth reste fidèle à Noémie, car elle reste dans sa parenté. Ce qui les unit nous est inconnu, mais c’est bien de la fidélité de l’une envers l’autre qu’est né un fils, Oved : « Un fils est né à Noémie ! » (Rt 4,16-17) et, dans cette histoire, ce sont des femmes qui lui donnent son nom !

En résumé

Avec Jonathan et David, avec Ruth et Noémie, il y a un attachement fort où l’ordre social d’alors est cependant respecté : tous ont été mariés avec une personne de l’autre sexe pour que la descendance soit assurée.

S’agit-il d’amour homosexuel ? Ce sont en tout cas des leçons de fidélité et d’égalité marquées par une intensité, et dans lesquelles nos amours peuvent puiser, qu’elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles : fidélité de Jonathan malgré les menaces de mort de son père ; fidélité et sororité de Ruth qui l’amène librement à quitter son propre pays et dont le serment peut inspirer bien des serments d’amours conjugales !