Peut-on se marier quand on est LGBTQIA+ ?
Légalement oui, religieusement… ça dépend !
Le « mariage pour tous » a été au carrefour de plusieurs débats : évolution profonde du modèle familial, acceptation de l’homosexualité, questionnements internes aux Eglises…
Et pour cause : le mariage pose plus d’une question ! Comment le définir ? Reconnaissance publique des sentiments ? Encadrement juridique d’une vie à deux ? Lieu de filiation et noyau de base de la famille ?
À d’autres époques de l’histoire, des couples adultes du même sexe se sont formés, consolidés et ont même été acceptés socialement, et… reconnus par l’Eglise catholique ! Cet ancêtre du mariage à l’église se nomme adelphopoiesis et a perduré dès les premiers chrétiens jusqu’à la fin de la période médiévale, plutôt en Orient dans l’Eglise orthodoxe. Il s’agissait d’un rituel liturgique qui se célébrait à l’église, devant proches et témoins.
L’adelphopoiesis vient de la notion grecque d’adelphité, qui signifie à la fois fraternité et sororité, sans dimension ni mention genrée et désigne l’amour et la solidarité entre ses semblables, qu’ils soient hommes, femmes ou non binaires.
L’adelphopoiesis n’était pas perçue comme un mariage traditionnel en tant que tel, mais comme un vrai partenariat qui obligeait les deux membres à prendre soin l’un de l’autre. Ils partageaient donc leur vie, leurs biens, leurs missions, leurs emplois et même leurs familles, et s’engageaient à être fidèles jusqu’à la mort. La dimension romantique et sexuelle de leur affection n'était pas forcément explicite, mais l'ambiguïté des termes grecs de l’époque permet fortement de l’envisager… Aujourd’hui, l'Église orthodoxe grecque préfère interpréter la cérémonie de l’adelphopoiesis comme une « fraternisation », un jumelage en colocation marqué par l’abstinence. Si l’interprétation est à débattre, l’adelphopoiesis a eu moins le mérite d’être une union spirituelle, égalitaire et reconnue, et inclusive car sans mention de genre et de sexe. Une piste de réflexion pour nourrir le débat sur la reconnaissance des unions homosexuelles par les églises !
(Pour en savoir plus, vous pouvez confronter la lecture de 2 thèses, en anglais : celle de l’historien John Boswell, Same-Sex Unions in Pre-Modern Europe, et celle de l’historienne Claudia Rapp, Brother-Making in Late Antiquity and Byzantium: Monks, Laymen, and Christian Ritual)
Depuis 2015, l’Église protestante unie de France (EPUdF) autorise la bénédiction des couples homosexuels. La célébration est la même quel que soit le statut du couple (de même sexe ou non). La bénédiction vient dans la continuité du mariage civil, et n'est pas considérée comme un sacrement spécifique. La bénédiction est également possible au sein de l'UEPAL (Union des Eglises Protestantes d'Alsace et de Lorraine) depuis novembre 2019.
L’Eglise catholique autorise aussi officiellement les prêtres, évêques ou diacres à bénir les unions homosexuelles depuis décembre 2023, sous condition que le moment partagé ne ressemble en rien à un mariage.
Les parcours de vie de couples et de parents, dont l’association D&J Arc-en-ciel est le témoin depuis 50 ans, montrent la diversité et la richesse d’amours vécus dans le respect de l’autre, de son « altérité ». Nous constatons que l’amour et l’engagement entre deux personnes de même sexe est une force de vie et de lien social, sous une forme qui peut être différente d’un couple hétérosexuel, mais porteuse de sens pour construire la société. Certain·es, bis, hétéros ou homos, considèrent que le mariage relève d’une tradition et d’une symbolique qui empêchent de l’ouvrir à de nouvelles formes de conjugalité et de famille. C’est aussi un droit légitime de ne pas se marier !
Plusieurs milliers de mariages de couples de même sexe ont été célébrés en France. Ils ont donné lieu souvent à des scènes très fortes. Quelques témoignages :
Jean-Paul et François ont vécu un « Beau mélange de joie, d’émotion, de chaleur et de sérénité, bref, que du bonheur, partagé et ressenti par tous ceux et celles qui nous ont accompagnés. »
Nicolas et Fabrice : « Quelle émotion lors de la célébration, lorsque nous nous sommes retournés après les paroles du maire et que nous avons croisés tant de regards. C’était un moment partagé d’émotion et de vérité. Le sens que nous avons voulu donner est aussi un sens social. Nous voulons porter un témoignage de vie, de vivre ensemble, dans une société qui a besoin d’espoir. »
Babeth et Géraldine : « Sur l’aspect militant, l’adjoint au maire, a fait un très joli discours, se réjouissant de pouvoir célébrer ce mariage parce qu’il était le fruit de deux volontés et d'un pays où la liberté peut se vivre. »
Télécharger le dossier D&J sur l’après-mariage pour tous.
Crédit photo: Bhakti Creative, Pixabay
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